Le verbe du vent
Je suis le rêve qui marche , la projection de l'esprit , l'univers issu de tes pensées . ô toi , petit enfant , tu crées toi même le monde , tu le modèles , tu le façonnes , par chacun de tes souhaits , par chacune de tes peurs, même les plus fulgurantes , même les plus fugaces , les plus inaperçues . ô toi , petit enfant , méfie toi de ton être ; tu dois le gouverner , ne pas le laisser choisir la plainte ; car c'est en lui que tu vis ; quand bien même elle est belle , quand bien même elle t'assure que tu es , tu dois fuir la tristesse , pour ne pas vivre en elle . Si le ciel est beau , c'est toi qui l'a créé ainsi . Si l'eau est joyeuse , c'est toi qui la vois ainsi . Si tes amis sont doux , c'est toi qui les as attendris . ô toi , petit enfant , ta tâche est de penser juste ; n'écarte jamais ton pas du bonheur . Quand l'horreur frémit , goûtes-en la saveur , exprime sa substance , tu dois en tirer la meilleure leçon . Quand l'horreur s'évanouit , quand la beauté de l'heure resplendit , laisse toi emporter ... vigilant .
Coyotito est allongé à l'ombre d'un cactus ; il écoute le verbe du vent , et admire la goutte de sang qui perle , au bout de son doigt , là où l'épine l'a blessé .
Coyotito écoute et comprend le verbe du vent . C'est un enfant précoce .